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Entouré des siens et de ses pairs, Claude Rich tire son ultime révérence

Claude Rich nous a quittés, à l’âge de quatre-vingt-huit ans,  des suites d’une longue maladie, déclenchant une vague d’émotion dans l’univers des comédiens comme parmi le public.

— Claude Rich, Centre culturel Uccle, 2007
Photo: Michaël Bemelmans (CC BY-SA 4.0)

Claude Rich passe les premières années de sa vie à Strasbourg, jusqu’en 1935, puis il emménage avec sa mère et ses trois frères et sœurs à Paris, après la mort de son père, ingénieur, victime de la grippe espagnole. Sa mère espère que Claude deviendra prêtre, et bien qu’il choisisse une autre voie, elle ne lui en tiendra pas rigueur, car elle-même aurait voulu être sculptrice. Sa maman l’ayant toujours soutenu dans son désir d’être acteur, Claude Rich restera profondément lié tant à à la foi maternelle qu’aux origines alsaciennes côté paternel. Lors d’une rencontre à Locarno, Claude Rich se définissait comme «chrétien-alsacien, un peu pitoyable », car, selon lui. « incapable de parler de sa foi plus de cinq minutes ».

Durant la Seconde Guerre mondiale, il vit en pension à l’École du Gai Savoir de Michel Bouts où sa passion du théâtre naît. Pendant que son frère est engagé dans l’armée, Claude Rich participe comme beaucoup de jeunes Parisiens à la Libération de Paris, en transmettant des courriers, comme « Gavroche », aimera-t-il à comparer.

Il commence à travailler comme employé de banque tout en suivant les cours Dullin, le Centre d’Art Dramatique de la rue Blanche, et intègre le Conservatoire national supérieur d’art dramatique, promotion de 1953 dont il sort avec le deuxième prix. C’est là qu’il se lie d’amitié avec plusieurs élèves: Jean Rochefort, Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle, Bruno Cremer avec lesquels ils forme la «bande du Conservatoire».

— Claude Rich et Jacques Dufilho dans Le crabe-tambour de Pierre Schoendoerffer (1977)
Source: Bibliothèque Nationale de France (CC0 1.0 universel)

Aimé tant par ses pairs que par le public, reconnaissable par son sourire chaleureux, son regard malicieux et sa voix cristalline, Claude Rich avait joué dans une cinquantaine de pièces, vingt films pour la télévision et près de quatre-vingts films dont un présenté ces dernières années au Festival de Locarno sur la Piazza Grande : en 2012, dans Et si on vivait tous ensemble ?, le film de Stéphane Robelin qui avait ému le public, il interprétait Claude, un octogénaire cabotin qui soudoyait un jeune étudiant pour se procurer de petites pilules bleues afin de pouvoir satisfaire ses conquêtes féminines. A ses côtés jouaient Géraldine Chaplin, Guy Bedos, Daniel Brühl, Jane Fonda et Pierre Richard. A l’occasion de la projection du film au Festival de Locarno, le comédien nous avait confiés, lors d’un entretien, que «cela avait beaucoup amusé d’interpréter Claude, un séducteur invétéré et cabotin»; bien éloigné de la personnalité de Claude Rich qui nous avouait avoir eu « un seul grand amour : ma femme, Catherine. » (ndlr. : l’actrice française de quatre-vingt-cinq ans, épousa le 26 juin 1959 Claude Rich. Le couple aura deux filles,  Natalie, peintre, et Delphine, qui est aussi actrice). Au terme de notre entretien, Claude Rich soulignait avec une authentique modestie : « Vu mon âge, on ne va me confier plus que de rôles de grand-père ou de vieillard; c’est inéluctable. Mais cela m’amuse de les interpréter. »

La carrière de Claude Rich, au théâtre comme au cinéma et à la télévision est si dense qu’il est difficile d’être exhaustif. Délicat, méticuleux et toujours enthousiaste, le comédien avait souligné , lors d’une interview, « toujours choisir avec soin les rôles qu’on lui proposait » et rappelait « le travail fourni en amont pour les interpréter ». Rappelons quelques temps forts de son parcours incroyable : dans Les Tontons flingueurs (où il “les brise menues” à Lino Ventura), il joue  face à Louis de Funès dans Oscar, il incarne Talleyrand dans Le Souper (rôle qui lui valut un César du meilleur acteur en 1993), Stanislas dans La Bûche (1999). Les jeunes générations le connaissent comme le druide Panoramix dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre. Claude Rich reçoit le César d’honneur en 2002, il avait également été nommé cinq fois aux Molières sans jamais en recevoir un.

.— Claude Rich et Christiane Cohendy dans Le Caïman au Théatre Montparnasse en 2005
Photo: Pierre Metivier (CC BY-NC 2.0)

Peu importe ! Sa plus belle récompense demeure l’amour inconditionnel que lui portait le public, toutes générations confondues.

Firouz E. Pillet

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Firouz Pillet

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