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Berlinale 2017 – Compétition jour #1 : Django

Les films d’ouverture, c’est toujours un peu la loterie… Les choix répondent à différentes considérations qui ne sont pas toujours artistiques. Il y a des années catastrophiques, on ne citera pas de titres, ces films étant souvent oubliés avant la fin du festival, et des années flamboyantes comme avec The Grand Budapest Hotel ou Hail Caesar ! l’an passé. Cette année, ce n’est ni l’une ni l’autre version. C’est un film avec quelques qualités mais dans l’ensemble décevant.

Django

Et pourtant, tout avait bien commencé : une très belle scène d’ouverture avec un patriarche tzigane qui chante dans un campement situé dans la forêt des Ardennes. Des coups de feu, des gens qui tombent, il continue à jouer et à chanter quand tout à coup il reçoit une balle en pleine tête… Cut ! On se retrouve à Paris, en 1943 dans une salle pleine à craquer, d’officiers allemands aussi, qui attend que Django Reinhardt donne un concert. À partir de là, le bât commence à blesser. La musique est belle, évidemment. Mais cette impression de suivre pendant de longues minutes des extraits du concert inquiète un peu quant à la tension narrative du film. Et malheureusement, la crainte se révélera juste.

Reda Kateb - Django © Roger Arpajou
Reda Kateb – Django
© Roger Arpajou

L’idée de départ était bonne. Étienne Comar explique qu’il voulait faire « découvrir une période de la vie de Django qu’on ne connaît pas. Il y a très peu d’éléments biographiques sur sa vie à cette période. Ce qui m’intéressait, c’était de montrer comment un artiste peut rester dans son monde à lui, même dans des périodes historiques troublées. C’est aussi un questionnement du rapport de l’artiste à l’engagement. » Pour ce faire, il a réuni d’excellents acteurs qui jouent leur rôle, autant que la musique joue le sien, pour donner du caractère à cette histoire. Alors pourquoi ce léger ennui qui glisse tout au long du film ? Peut-être à cause d’une cinématographie trop plate et sans aspérité pour fixer le regard. Plus certainement à cause d’un scénario trop ténu, manquant de tension, n’arrivant pas à choisir entre l’histoire individuelle dans la grande Histoire, ou l’histoire collective dans la grande Histoire, ou encore l’histoire individuelle dans l’histoire collective. Celle de Django, celles du nazisme, celle des Tziganes. On ne sait pas sur quel pied danser alors que Django essaie de fuir les Nazis qui veulent le faire jouer à Berlin et mettre aux normes allemandes sa musique, alors on se contente de se laisser bercer par les rythmes de la musique, personnage virtuose de toutes ces histoires dans lesquels on n’arrive pas à entrer.

À signaler l’énorme travail d’acteur que produit une nouvelle fois Reda Kateb dans ce rôle de Django, effectué sur une année. Pour lui, l’approche du  musicien s’est d’abord faite par la rencontre avec la communauté tzigane. Toujours très intellectuel, il explique avec clarté sa démarche : « Quand j’ai été chez eux pour les connaître, j’ai d’abord été invité par eux. C’est cette invitation que je retiens de ce travail. La rencontre entre les gens et les communautés se fait par invitation. » Cécile de France rajoute à propos de son collègue, « c’est extraordinaire ce qu’il s’est passé entre eux. Reda a absorbé leur authenticité en tissant des liens avec eux. » Reda Kateb tient en outre à préciser qu’il n’a pas « tenté d’imiter Django. Je me suis laissé inspirer par lui. C’était bien sûr un défi de jouer cette personnalité, mais plus j’entrais dans le personnage, plus je me sentais entouré, protégé par lui. » Presque mystique, il poursuit, « plus je voyageais en lui, plus il devenait un mystère. »

Au final, une première scène très réussie, une scène de fin à la dramaturgie extrêmement bien maîtrisée avec le Requiem pour les Tziganes composé par Reinhardt lors de sa fuite et l’image finale – l’écran rempli de photos de Tziganes victimes du nazisme – qui ne suffisent néanmoins pas à rendre hommage au sujet en or qu’avait développé Étienne Comar, réalisateur et scénariste de son premier long métrage… tout ceci expliquant peut-être cela.

D’ Étienne Comar ; avec Reda Kateb, Cécile de France, Beata Palya, Bim Bam Merstein, Gabriel Mirété ; France, 2017 ; 117 minutes.

Malik Berkati, Berlin

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Malik Berkati

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